Etre simplement Mee Sun

Groupe de parole

 

 

 

LE PREMIER PAS COÛTE TOUJOURS...

 

J'ai connu le groupe de parole par internet. Je n'aurais jamais eu le courage de m'y rendre sans cet outil de communication universel. J'ai contacté l'association par e-mail et une bénévole m'a gentiment répondu que le groupe de parole avait lieu le soir même.

Je venais de faire mon coming-out sur le site AIVI.

Je me suis dit, j'y vais ou je n'y vais pas.... Je voulais faire l'expérience de la confrontation physique avec d'autres victimes.

Le soir même, je me suis rendue au groupe avec une certaine appréhension. Une bénévole m'a gentiment accueillie et m'a demandé si j'étais nouvelle.

Je regardais autour de moi tout en observant les autres et ai vu des personnes comme vous et moi, des personnes d'apparence normale au physique le plus commun et le plus banal du monde.

Pour l'avoir vécu, la première participation est très éprouvante mentalement.

Ce soir-là, j'ai eu de la chance. Heureusement pour moi, nous étions trois nouvelles.

Un rafraîchissement nous est offert pour nous permettre de nous mettre le plus à l'aise possible.

Je vous rassure, on n'est obligé de rien : personne n'est tenu de s'exprimer s'il n'est pas prêt pour le faire ou s'il n'en éprouve pas le besoin, il peut se cantonner à une simple écoute et prendre la parole la séance suivante.

Vous êtes invité à partager des bribes de votre vie.

L'anonymat et la confidentialité sont strictement respectés.

Les membres du groupe proposent un ou plusieurs sujets et un des membres se nomme comme «modérateur» pour distribuer le temps de parole.

La première fois, ma voix était chancelante. Ce n'est pas facile de s'exprimer dans un langage dicible devant des personnes inconnues !

J'ai pris mon courage à deux mains et ai réussi à parler un peu, mais je ne trouvais pas les mots justes. J'en suis ressortie avec un terrible mal de tête.

Dites-vous que ce sont des victimes comme vous !

Personne ne vous jugera  !

Je me suis contrainte à retourner au groupe de parole pendant un mois consécutif. J'ai eu le sentiment qu'on me comprenait à ma juste valeur et que je n'étais plus seule à lutter contre mes souffrances !!!

Et puis, l'envie se faisait de plus en plus rare…

Je m'y rendais à reculons. J'avais l'impression que je me victimisais encore plus et que j'en revenais encore plus déprimée.

Ce n'était pas étonnant ! J'y ai entendu des histoires encore plus horribles que la mienne. Je n'étais prête ni à les entendre, ni à les accepter. Je me disais comment peut-on avoir survécu à de telles horreurs ? Ne sont-ils pas schizophrènes ?

J'avais également l'impression qu'on abordait toujours des sujets négatifs, alors que moi je venais pour trouver des solutions pour m'en sortir.

J'ai fait des pauses de plusieurs semaines.

Je me suis alors mise à proposer des sujets positifs. Je me suis aussi rendue compte que si une majorité de victimes souhaitent s'en sortir, d'autres se complaisaient dans la victimisation.

Les psychothérapeutes ont d'ailleurs un avis partagé sur les groupes de parole : certains pensent qu'ils sont curatifs et d'autres que les victimes se complaisent en effet dans leur statut de victime.

Aujourd'hui, je participe au groupe de parole lorsque j'ai envie de m'y rendre ou lorsque je suis en manque de parole. J'accepte les souffrances des autres victimes. J'accepte d'écouter leurs mots et d'entendre leurs maux.

 

Pour moi, parler de soi, de son expérience, c'est aussi aider les autres à sortir du silence ou à verbaliser leurs ressentis.

Quoi qu'on en dise, le groupe de parole est un lieu de tolérance et d'altruisme où la parole est accueillie, partagée librement entre victimes. Il a une fonction libératoire et protectrice. Les victimes y partagent des vécus communs, se retrouvent dans la parole de l'autre par l'effet d'écho et se sentent moins seules, moins honteuses progressivement. C'est une manière de relativiser leurs maux sans pour autant les minimiser et affronter le regard des autres dans une bulle sécuritaire. 


Aujourd'hui, je ne ressens plus le besoin de participer à un groupe de parole pour parler de mon histoire. Je l'ai écrite et suis parvenue à l'accepter. J'anime un groupe de parole.



Le groupe de parole ne se substitue en aucun cas à une thérapie. 


C'est plutôt un complément libérateur de parole.




N'HESITEZ PAS A REJOINDRE UN GROUPE DE PAROLE !

 



04/12/2007
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